Hebrides Express - par Jeanne T. & MPQ.
25 septembre 2015
Cinq jours. C’est tout ce que l’on a. Pour un aller-retour sur l’île de Mull c’est largement suffisant. Sur ces même routes il y a 8 ans, avec un ami, nous effectuions notre défloraison écossaise à bord d‘un van. Les raisons pour reprendre la route cette année sont nombreuses et sympathiques ! Un reportage avec les Zeppelins, et surtout célébrer le 10ème anniversaire de la découverte d’un petit coin de paradis écossais. De retour 10 ans plus tard sur les one-track roads, c’est au tour de Jeanne de nous livrer récit et images. MPQ.
On a renoncé au Bal des pompiers pour une chevauchée fantastique à travers l’Angleterre et l’Ecosse. Paris-Calais-Douvres-Liverpool-Corran-Lochaline-Mull Island. MPQ. récupère l’Esquisse (le van aménagé par WeVan) à Nantes et me rejoint à Paris. En prévision des 20 heures de route qui nous attendent, on va puiser un peu d’énergie au concert que donne le groupe folk June Bug chez un disquaire de Barbès. M. a prévu un timing serré. Aux alentours de Glasgow, nous avons rendez-vous avec le tandem des photoreporters Zeppelin. Nous devons les mener à notre destination finale, l’île de Mull, dans l’archipel des Nouvelles-Hébrides à l’ouest de l’Ecosse. Jim et Patience, un couple d’Anglais, y tiennent une ferme familiale, un élevage de quelques centaines de moutons blackface.
Chaque été, leur tribu, bergers, amis, familles, partent chercher les moutons en liberté dans les presqu’îles, les monts et les glens de leur domaine. Ils appellent cette activité séculaire le « gathering ». Une fois les moutons rassemblés, ils tondent leur grasse laine d’hiver, puis ils les libèrent pour une nouvelle année de vagabondages. Galvanisés par la passion de leur ami MPQ. pour ce lieu troué de lochs où planent les fairies, les deux reporters de Zeppelin ont décidé de faire le voyage. Plus habitués aux bidonvilles de Dhaka qu’à un lieu d’à peine 6 habitants au km2, ils comptent sur la parole de leur ami pour ramener un « sujet ». Je connais déjà un peu les lieux et je me dis que cela doit être difficile de photographier l’homme dans cet espace.
Beer stop © Zeppelin / WeVan
Dans les glens, de très longues et profondes vallées verdoyantes dont la formation remonte à l’époque glacière, l’homme est vraiment minuscule. Ce ne sera pas facile de faire le lien entre ces anglais jaloux de leur intimité, et les deux reporters. Les photographes partis de Strasbourg ont quelques heures d’avance sur nous. Et les Anglais nous attendent pour diner le lendemain au cottage de l’île… Mais dans notre vision supérieurement farniente du road trip, on a laissé le temps filer à une terrasse de café. On fonce sur le périph fluide à 22h direction Calais. Arrivés à l’escale fantôme, on rate notre shuttle de quelques minutes. F…!
Hebrides Express © Jeanne Teyssier
On attend le prochain entre 2 heures et 4 heures du matin, les yeux exorbités, au drugstore du terminal où entre Burger King et Sainsbury’s trainent ensommeillés des Polonais en famille. Le voyant passe au vert; on entre enfin dans un long couloir aux lumières blafardes. Les voyants se tamisent, les moteurs s’éteignent. 35 minutes plus tard, à l’aube naissante, nous débarquons à Folkestone sur une rampe fluorescente. Les flèches clignotent dans tous les sens. A cette heure où tout semble incertain, je soupçonne mon copilote de ne plus être aussi alerte… On s’impose donc un petit déjeuner revigorant de roll et cheddar fondu, de manière à s’intégrer radicalement à ce nouveau territoire. Décidément, nous brûlons les étapes…. Je prends le quart du matin et tente vaillamment de conduire à gauche sur la M6 direction Manchester. Je rêve d’aller faire un détour dans les bocages, mais je me console en me disant que c’est aussi en plaisir de tracer la route. On passe la « frontière » avec l’Ecosse sans s’en rendre compte.
Sunset pub © Zeppelin / WeVan
La traversée de la Clyde River sur l’Erskine Bridge est spectaculaire. A une station service des environs, de Glasgow, nous attendent sagement les photoreporters Zeppelin dans leur land rover defender verte, le « déf », une campagne fidèle de leurs bourlingues. Nous formons un étrange convoi sur les routes de plus en plus sinueuses et humides, bordées de lochs, qui nous mènent petit à petit vers la fin du voyage. Malgré la bruine, le vert des collines d’Argyll continue à diffuser de la lumière. 20 heures de route ininterrompues, mêlées à l’excitation d’arriver, ont fini par nous éveiller plus que d’ordinaire. On se laisse bercer par les ferrys qui joignent le continent à la péninsule d’Ardnamurchan puis à Craignure, notre point d’arrivée sur l’île de Mull.
© Zeppelin / WeVan
Dans la petite épicerie du port, nous faisons nos premières réserves de whisky Tobermory en prévision de nos futures circonvolutions sur l’île. Encore quelques lacets sous les pins… avant d’arriver à l’aboiement des chiens, dans le hall capitonné jusqu’au fauteuil creusé usé par le temps…
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